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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/117

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XV

il ne suffit pas toujours d’être acquitté par un juge

« Considérant » : avait dit le juge, « que la preuve de l’accusation portée contre l’inculpé n’a pu être faite par la poursuite ; considérant qu’il ressort des témoignages entendus, que l’arme, qui fait l’objet du délit, n’était pas en la possession de l’accusé avant le soir de son arrestation ; nous déclarons Marcel-Édouard-Joseph Lortie honorablement acquitté, et nous ordonnons sa mise en liberté immédiate ».

Ce verdict avait été chaleureusement applaudi ; et Marcel, à ce moment, avait pu se croire lavé de tout soupçon. Mais il avait dû bien vite se rendre à l’évidence : si l’acquittement avait été très favorablement accueilli par les uns, il n’avait pas convaincu les autres. À certains regards dont on le gratifiait, à la mollesse de certaines poignées de mains, il avait compris que l’accusation formelle de Sénécal avait trouvé un terrain propice dans la crédulité ou dans le goût de la médisance d’une partie du public.

Petit à petit, sourdement, la calomnie avait fait son œuvre. Elle avait porté ses premiers fruits au cours d’une assemblée politique, tenue par Gaston Lecrevier et ses amis, dans la salle des fêtes de l’orphelinat. Le boucher Mathieu, dans un discours plus convaincu qu’académique, y avait triomphalement étalé les turpitudes politiques de l’échevin Blanchard : et en somme, Gaston et ses seconds avaient eu d’excellentes raisons d’être contents,