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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/178

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RUE PRINCIPALE

— Oh ! je n’exagère pas. Il ne faut pas savoir ce que c’est que la peur pour entrer comme ça dans une maison en flammes qui pouvait s’écrouler à tout instant. Ce dont je suis heureux, c’est que tu en sois sorti sans trop de mal.

— Je t’en prie, fit Marcel de plus en plus gêné, tu m’as remercié, tu te croyais probablement obligé de le faire ; à mon tour, je te remercie de l’avoir fait, mais si ça ne te fait rien, on va parler d’autre chose. Au fond, moi tu sais, ça me met mal à l’aise.

— Soit, Marcel, on va parler d’autre chose. Justement, j’ai autre chose à te dire.

— Ah !

— Oui, et entre nous, ça n’est pas très facile.

Marcel sembla surpris ; et monsieur Bernard, qui n’avait pas dit un mot depuis le début de l’entretien, continua imperturbablement à faire décrire à la fumée de son cigare de savantes volutes dans l’espace.

— Non, poursuivit André Lamarche, non ça n’est pas facile, et je te dis que j’y ai pensé depuis hier soir à cette affaire-là ! Ce que je suis venu faire, je savais qu’il fallait que je le fasse ; pas un instant je n’ai pensé que je pourrais ne pas le faire, mais je t’avoue que je ne savais pas, et que je ne sais pas encore très bien comment m’y prendre.

— Ça ne peut pourtant pas être si compliqué, mon pauvre André ?

— Bien plus que tu ne le penses, Marcel. Surtout que, vois-tu, ça fait longtemps que j’aurais dû le faire, ça fait longtemps que ça me tracasse. Que veux-tu ? Il y a comme ça des choses que, malgré soi, on ne peut pas se décider à dire.

— C’est donc si difficile ? demanda monsieur Bernard.

— Oui, dit André, oui, terriblement difficile.