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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/200

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RUE PRINCIPALE

— Ben, je sais pas moi, monsieur Langelier. Il me dit dans sa lettre qu’il a une proposition intéressante à me faire.

— Je la connais sa proposition.

— Ah !

— Il va vous la faire lui-même, vous allez voir. Il donna un ordre bref au téléphone.

— On va vous l’amener, dit-il, ça ne prendra pas de temps.

Et il ajouta :

— Je ne sais pas si vous connaissez la loi, mademoiselle Cunégonde, mais du moment que vous faites condamner Lanctôt à la prison, il faut renoncer à votre argent.

— Qu’est-ce que vous dites là, vous ?

Cunégonde était visiblement troublée par cette révélation d’un aspect de la loi qu’elle ne soupçonnait même pas.

— C’est tout naturel, expliqua le chef. Si ce gars-là fait de la prison pour ses sept cents piastres, vous ne voudriez tout de même pas qu’il soit obligé de vous les rembourser par dessus le marché ? Tandis que si vous lui donnez une chance de rembourser, vous rentrerez peut-être dans votre argent.

Et comme Cunégonde faisait une grimace qui exprimait clairement combien elle demeurait sceptique, il reprit :

— Et vous savez, il y a des moyens de le forcer à respecter les engagements qu’il prendra. Je m’en chargerai moi, au besoin.

À ce moment, Jules Lanctôt fit, accompagné d’un policier en uniforme, une entrée qui n’avait rien de reluisant.

— Asseyez-vous là, Lanctôt, fit Langelier en lui désignant une chaise d’un mouvement de tête.

— Merci, dit Jules.