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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/215

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LES LORTIE

— Mais, dit-elle, je n’ai rien à dire ; je ne comprends rien à…

— Tais-toi !

La voix était autoritaire, le timbre dur. Elle comprit qu’il était inutile de bluffer davantage.

– Écoute, reprit-il, inutile de nier plus longtemps. Sénécal a parlé. Oui, il a parlé et, entre nous, on n’avait même pas besoin de ça. Il suffisait de mettre deux et deux ensemble pour faire quatre. D’abord, le petit papier que tu as perdu dans la machine.

— Oh ! C’est là que…

— Oui c’est là ! Les cinq cent piastres que l’on te réclamait si mystérieusement, ton petit rendez-vous au bord du fleuve, l’autre soir, avec Sénécal… Mais oui, le jour où il a menacé de te tuer.

Elle avait complètement perdu contenance. Elle le regardait avec des yeux épouvantés. Il savait donc tout !

— On vous a vus, dit-il. On vous a vus et entendus.

Le bruit d’un sanglot lui fit tourner la tête.

— Tu pleures ? Ça au moins c’est clair ; ça veut dire ce que ça veut dire.

Il remit le moteur en marche, embraya et repartit à petite allure. Suzanne, effondrée, ne cherchait même plus à trouver un point d’appui. Une phrase de Bob lui rendit pourtant un peu d’espoir :

— Je me demande ce qu’on va être capable de faire pour t’aider, à cette heure !

— Je ne sais pas, Bob, dit-elle entre deux hoquets, mais je te jure que ce n’est pas moi qui ai empoisonné le lait de Ninette. Je ne savais rien du tout de cette affaire-là. Ce n’est qu’après coup que Sénécal m’en a parlé.

— Dis-moi tout ce que tu sais, ça m′aidera peut-être à trouver une solution.