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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/226

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RUE PRINCIPALE

— Oui, tu sors avec elle ?

— Je sors avec elle, oui, mais ça ne veut rien dire. Tu sais aussi bien que moi qu’elle ne m’intéresse pas plus que ça.

— Tu la défendais pourtant avec beaucoup de chaleur et de conviction, ce soir.

— N’est-ce pas logique ? N’est-ce pas elle qui m’a donné le testament ? Ne lui ai-je pas promis qu’elle aurait le moins d’ennuis possible ?

— Évidemment, dit-elle.

Et entre eux, le silence retomba. Ils avaient quelque peu ralenti l’allure. La distance qui les séparait de Gaston et Marcel, était passée de vingt à cent pas environ.

— Marchons plus vite, dit Ninette. Il est tard.

Ils allongèrent le pas. Le vent leur apportait le rire clair de Marcel et la forte voix de Gaston.

— Je ne peux pas croire, dit Bob, que tu sois encore fâchée.

— Fâchée ? Il y a longtemps que je ne le suis plus.

— Comme ça, dit-il, ça ne te fait rien à toi que… qu’entre toi et moi, ça soit fini ? Ça ne te fait pas de peine du tout ?

— Je t’en prie, ne pose pas de questions de ce genre-là, veux-tu ?

— Pourquoi pas ? N’est-ce pas ce qui m’intéresse, ce qui me touche le plus au monde ? D’ailleurs, si tu ne veux pas que je te pose cette question-là, c’est parce que tu as peur d’y répondre !

— Peur ! Et pourquoi ?

— Pourquoi ? Tiens, Ninette, je te mets au défi de me regarder en face et de me dire que tu ne m’aimes plus !