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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/99

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LES LORTIE

Cette fois le regard sévère du magistrat ne suffit plus. Il fallut le marteau du greffier pour obtenir le silence. C’est que, si les recherches de Bob n’étaient un secret pour personne, tout le monde était persuadé qu’elles n’avaient donné aucun résultat. Ninette sentit l’espoir lui remonter au cœur ; son regard croisa celui de Bob et elle baissa la tête pour qu’il ne la vît pas rougir.

— Sergent Gendron, poursuivit maître Martin, l’arme en question était-elle en la possession de monsieur Marcel Lortie, le soir où monsieur Léon Sénécal a été victime d’un vol à main armée ?

— Non.

Cette fois, ce fut un murmure de satisfaction qui monta de la salle. Falardeau leva les deux bras pour attirer l’attention du juge.

— Je m’objecte ! cria-t-il. Il ne s’agit pas de prouver ici si le revolver était dans la poche de l’accusé le soir du vol, mais bien s’il y était le soir de la bagarre !

— Ah ! non, rétorqua Martin. Non ! Ce serait trop facile !

— Objection rejetée.

Falardeau se rassit en grommelant.

— Sergent Gendron, reprit Martin, quand, d’après votre enquête, Marcel Lortie est-il entré en possession du revolver ?

Bob sembla hésiter. Il chercha des yeux le regard de Ninette et ne le trouva pas.

— La veille de son arrestation, répondit-il d’une voix un peu moins assurée.

Le silence qui suivit avait quelque chose de sinistre. Les gens étaient si stupéfaits qu’ils en oubliaient de manifester. Falardeau resta à son banc, la bouche ouverte, une pastille de menthe entre le pouce et l’index, arrêtée à mi-chemin entre la boî-