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Page:Baumal - Le Féminisme au temps de Molière, 1926.pdf/124

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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

On peut être assuré qu’en fait, si les précieuses ne développaient pas aussi crûment les doctrines qu’ironiquement l’abbé de Pure et Ménage suggèrent dans ce chapitre du Mystère des ruelles, beaucoup d’épouses mécontentes, précieuses ou non, s’y conformaient dans la pratique. Molière était d’avis qu’une femme a toujours sur elle de quoi se venger d’un mari grincheux. La recette n’est point nouvelle, elle est vieille comme le monde. Ce qui serait ici révolutionnaire, ce ne sont point les actes, mais les théories. Elles visent, en effet, à fonder en raison, sinon en droit, cette vengeance si naturelle aux épouses déçues. Il est certain que, sous cette forme ou sous une autre plus atténuée, les précieuses ont posé, dès le XVIIe siècle, les principes de ce droit à « vivre sa vie » qui fournit un de leurs thèmes favoris aux dramaturges et aux politiciens du XIXe et du XXe siècle.