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Page:Baumal - Le Féminisme au temps de Molière, 1926.pdf/155

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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

doctrines et à paralyser l’action de la préciosité. Celle-ci s’efforçait de donner à son féminisme le caractère sérieux et général d’une question de moralité publique ; elle s’ingéniait à concevoir des plans de transformation sociale ; elle rêvait du moins d’amender l’institution traditionnelle du mariage. Molière, lui, réduit la question à une affaire de moralité privée justiciable du simple bon sens. Il est convaincu que la crise du mariage n’est liée qu’à des tares individuelles, à des disconvenances personnelles, à des incompatibilités d’humeur ou à des vices inhérents à la nature humaine. Pour la résoudre, il n’est donc que d’écouter la voix du bon sens et de suivre les conseils de la raison qui plaide en faveur d’une honnête liberté de la femme. Le reste viendra de soi : il ne s’agit que de développer en chacun les vertus sociables : celles-ci inclinent, en effet, à éviter les