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Page:Baumal - Le Féminisme au temps de Molière, 1926.pdf/82

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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

tait autour de l’Hôtel de Rambouillet concevait la vie comme un roman d’Honoré d’Urfé ; elle mettait son idéal à codifier pour l’usage de la noblesse française les galanteries de l’Astrée ; son mérite fut d’imposer les lois de la politesse à une société encore fruste et grossière, et l’épuration du langage, dont on les loue à juste titre, ne fut sans doute qu’un corollaire de cette épuration des mœurs.

La préciosité bourgeoise, issue des samedis de Sapho, sans rien abandonner de la politesse du bel air, sans renoncer absolument à l’esprit romanesque en honneur depuis un demi-siècle, revendiquait pour la femme le droit à l’indépendance personnelle, au libre choix d’un état de vie, et même proclamait l’égalité des sexes. Et en ce sens elle fut, très réellement, un centre et un foyer d’idéal féministe.