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Page:Baur - Maurice Scève et la Renaissance lyonnaise, 1906.djvu/104

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ne s’y trouve nulle part, ni ses initiales, ni sa devise ; il n’y a cependant pas lieu de douter de leur authenticité. Le style de la relation française est correct et libre de recherche, mais froid et sec ; sa valeur littéraire ne dépasse guère celle d’un procès-verbal juridique, et ce n’est que bien rarement que nous voyons percer des idées et des sentiments à travers la naïve description. Nous ne pouvons nous abstenir de la résumer ici ; elle est caractéristique pour Scève et pour ses concitoyens.

Du Piémont où il avait inspecté des forteresses, le roi arriva le 21 septembre à Lyon, où la reine l’attendait avec sa suite. Deux jours après, un Dimanche, eut lieu l’entrée solennelle qui commença par un dîner splendide qu’on offrit au roi au faubourg de Vaise (situé sur la Saône en amont de la ville) dans une loge somptueusement décorée de tapisseries à haute lisse, de draps de soie et d’argent, le tout arrangé en style antique. Il y reçut les Lyonnais les plus influents, puis les consuls et seigneurs des „Nations", c’est à dire des organisations politiques des Florentins, Génois, Lucquois et Allemands, qui formaient avec leurs laquais un cortège étincelant de velours et de soie, d’or et d’argent. Le clergé lyonnais, suivi des confréries, vint présenter ses hommages au roi, et après le clergé on vit passer devant la loge royale la file interminable de tous les bourgeois lyonnais qui s’étaient rendus hors l’enceinte pour se ranger avec plus de soin que n’auraient fait des soldats. Ils étaient groupés par corporations, reconnaissables au costume uniforme que portaient leurs membres et dont le luxe et la nouveauté étaient destinés à montrer aux spectateurs la richesse et le patriotisme des habitants.

Rien de plus splendide que ce cortège qui se déroule sous les yeux du monarque. Il est ouvert par les archers de la ville, commandés par le prévôt des marchands. Tous sont à cheval, tous sont vêtus de drap vert avec broderies en blanc. Ils tiennent des bâtons à la main pour retenir la grande foule accourue à


    Catherine son Espouse le XXIII septembre MDXLVIII. À Lyon, chez Guillaume Roville, à l’Escu de Venise, 1549. in 40, 44 fF. sans pagination.
    Cette relation est copiée textuellement dans Godefroy, Th. Cérémonial français, p. 824 ff. et dans Paradin, Guill. Histoire de Lyon 1573. p. 320 ff.
    La magnifica et triomphale entrata de cristianissimo re di Francia Henrico seconda di questo nome, fatta nella nobile ed antiqua città di Lione a lui e alla sua serenissima consorte Catterina, alli di 21 Settembre 15048 colla particolare descrizione della comedia che fece recitare la natione fiorentina, a richiesta di su a Maestà Christianissima, In Lione, appresso Gulielmo Roville 1549. in 4°. 58 ff. sans pagination. — Cette relation est une traduction assez fidèle de la précédente ; elle contient en plus la description de la Calandria de Bibbiena. Je ne sais pas qui en est l’auteur.
    La Croix du Maine (Bibliothèque française) et le Promptuaire des Médailles nous assurent que Maurice Scève était l’arrangeur des fêtes et l’auteur de la relation.