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Page:Baur - Maurice Scève et la Renaissance lyonnaise, 1906.djvu/13

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chapitre premier

Les début de la renaissance à Lyon

Quiconque se promène aujourd’hui dans les quartiers de Lyon situés entre la montagne de Fourvière et la Saône — les seuls du seizième siècle qui subsistent encore, et d’ailleurs menacés par l’esprit moderne — est frappé par la singulière architecture de ces rues plus larges et plus régulières que celles d’autres villes de France qui ont gardé le caractère de ce temps. À côté d’édifices de la dernière période gothique, on trouve des maisons qui dénotent une nouvelle manière de penser et de vivre. Ailleurs en France, on rencontre des maisons bourgeoises qu’on dit construites dans le style de la Renaissance, mais auxquelles on a simplement ajusté des ornements „à la mode italienne‟ ; les maisons lyonnaises au contraire marquent un progrès de l’architecture par le plan même et par la disposition du bâtiment. Les façades en sont régulières, l’entrée large, hospitalière ; les escaliers sont larges et commodes, les appartements hauts et grands, presque comme dans les palais florentins.

Mais ce qui donne surtout à ces maisons leur caractère Renaissance, ce sont les vastes fenêtres qui éclairent les appartements. Elles rappellent une race qui avait un grand besoin d’air, de lumière et de liberté, une race pour qui la Renaissance n’était pas une simple mode, mais une affaire de cœur et d’esprit.

Comment cette société s’est-elle formée ? Comment a-t-elle passé des ténèbres du moyen-âge à la nouvelle lumière, à cette Renaissance lyonnaise qui a été plus rapide et plus complète que celle d’aucune autre ville ou province de France ?

Pendant les troubles du moyen-âge, le territoire de Lyon avait été partagé entre l’empire et la France, et la ville fut gouvernée par son archevêque. Toutefois Lyon avait réussi à se délivrer peu à peu du joug ecclésiastique et à se mettre sous la protection des rois de France qui lui laissèrent toute liberté dans son administration et qui accordèrent à ses bourgeois presque tout ce qu’ils demandaient. Car la ville était riche et consti-