Aller au contenu

Page:Baur - Maurice Scève et la Renaissance lyonnaise, 1906.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 121 —

l’amour, bien qu’il ne semblât pas être entièrement de l’avis de l’auteur. Les Escriz de divers poètes à la louenge de Louise Labé contiennent un sonnet qui est une critique très obscure de ce dialogue ; l’auteur en est Scève. Il tient la première place parmi les poésies françaises et n’est précédé que d’une ode grecque de Jacques Peletier et d’une ode latine d’Antoine Fumée, le „rapporteur de chancellerie en France“.

En grâce du dialogue d’Amour et Folie, œuvre de D. Louïze Labé Lionnoize.
Amour est donc pure inclination
      Du Ciel en nous, mais non nécessitante :
      Ou bien vertu qui nos cœurs impuissante
      A résister contre son accion ?
C’est donc de l’anie une alteracion
      De vain désir légèrement naissante
      A tout objet de l’espoir périssante
      Comme muable à toute passion ?
Jà ne soit crû, que la douce folie
      D’un libre amant d’ardeur libre amollie
      Perde son miel en si amer absynthe.
Puis que l’on voit un esprit si gentil
      Se recouvrer de ce Chaos subtil
      Ou de Raison la Loy se laberynte.

Ce sonnet est signé de la devise non si non la dont le sens me reste caché, mais qui se retrouve dans le Microcosme.

Quand on veut étudier la littérature de Lyon de cette époque, il est indispensable de parcourir les Escriz de divers poètes[1] dont nous venons de parler. Parmi tous ces auteurs, nous trouvons aussi les poètes les plus célèbres de Lyon.

À côté de Maurice Scève, nous y rencontrons Matthieu de Vauzelles dont nous ne connaissons que des vers insérés dans les recueils de ses amis. Comme l’auteur de la Délie, il a abandonné les formes nationales pour composer un sonnet dans lequel il compare la belle Cordière à la Méduse, sans démentir son goût pour les calembours et les anagrammes.

Claude de Taillemont[2] par contre est un ennemi du sonnet et de l’italianisme. Dans un recueil de poésie lyrique, la Tricarite[3], il cherche à imiter la Délie de Scève. Novateur à ou-

  1. A. Cartier. Les poètes de L. Labé. Revue d’hist litt. I p. 433.
  2. Joseph Texte. Claude de Taillemont. Bulletin hist. et philol. 1894. Cf. Revue du Siècle année 1895, p. 542.
  3. La Tricarite, plus quelques chants, au (sic) faveur de pluzieurs damézelles par C. de Taillemont, Lyonnais. Lyon. Michel Du Boys 1556.
    {{Gauche|Sève at produit du Laurier bôrgons vers
    Dont meints rameaus avant l’Arbre ont corone,
    Mes, mon advis, pôr le mieus on corone
    Sève, le premier, le père de nos vers.