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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T02.djvu/308

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ARÉTIN.

mulctans quæ ab aliis castigari nequeunt [1].

(D) Il se vantait que ses libelles faisaient plus de bien au monde que les sermons. ] Il dit dans l’épître dédicatoire de la seconde partie de ses Raggionamenti, que si l’on ne voulait pas l’estimer à cause de ses inventions, il fallait du moins lui accorder quelque gloire pour le service qu’il avait rendu à la vérité, en la poussant dans la chambre et dans les oreilles des grands, à la honte de la flatterie et du mensonge. Il rapporte qu’un ambassadeur du duc d’Urbin disait que si les ministres des princes, et leurs courtisans, étaient récompensés de leurs services, ils en avaient l’obligation à la plume de Pierre Arétin. Il ajoute qu’un autre disait : L’Arétin est plus nécessaire à la vie humaine que les prédications, parce que les prédications ne mettent dans le bon chemin que les simples ; mais ses écrits y mettent les grands seigneurs. Voici ses paroles en italien : Quando io non fossi degno di honor veruno, mercè de le inventioni con le quali do l’anima a lo stile, merito pur qualche poco di gloria per havere spinto la verita ne le camere, e ne le orecchie de potenti ad onta de l’adulatione, e de la menzogna : e per non difraudere il mio grado, usero le parole stesse del singulare M. Gianiacopo, ambasciadore d’Urbino : Noi che spendiamo il tempo ne servigi de prencipi insieme con ogni huomo di corte, e non ciascun virtuoso, siamo riguardati e riconosciuti da nostri padroni, bontà de gastighi che gli ha dati la penna di Pietro. E lo sa Milano, come cadde de la sacra bocca di colui, che in pochi mesi mi ha arrichito di due coppe d’oro : l’Aretino è più necessario à la vita humana che de predicationi, e che sia il vero esse pongono in su le dritte strade le persone semplici, ed i suoi scritti le signorili, ed il mio non è vanto, ma un modo di procedere per sostener se medesimo osservato da Enea, dove non era conosciuto.

(E). On lui écrivait que sa plume lui avait assujetti plus de princes que les plus grands rois n’en avaient soumis par leurs armes. ] J’ai lu cela dans une lettre qui lui fut écrite par Baptiste Tornielli [2]. On lui déclare qu’il mériterait le titre de Germanique, de Pannonique, etc., comme autrefois les empereurs se donnaient le nom des provinces où ils avaient triomphé. Non sapete voi, che con la penna vostra in mano havete soggiogato più principi, ch’ogni altro potentissimo principe con l’arme ? La penna vostra a qual non mette terrore, a quale non è formidabile ? a chi anche non grata, a chi non cara, ove si mostra amica ? La penna vostra si puo dir, che v’ha fatto trionfator quasi di tutti i principi del mondo ; che quasi tutti vi sono tributarii, e come infeudati. Meritareste esser chiamato Germanico, Pannonico, Gallico, Hisparico, e finalmente insignito di quei titoli, quali si davano a gli antichi Imperadori Romani, secondo le provincie per loro soggiogate : che se quelli soggiogavano le provincie per forza d’arme, e per esser più di loro potenti, non era gran meraviglia ; maggior meraviglia assai è, che un privato, inerme, haggio soggiogato infiniti potenti : che l’un potente l’altro, non è meraviglia.

(F) On l’encourageait..…. à satiriser les princes, afin qu’ils se corrigeassent. ] C’est le marquis du Guast qui lui fit cette exhortation, dans une lettre qu’il lui écrivit de sa propre main [3]. Il ne demandait pas d’être privilégié : il voulut bien que ses défauts fussent censurés par l’Arétin ; et il l’exhortait à le faire. Il y a bien de l’apparence qu’il était sûr qu’il ne serait pas pris au mot. L’Arétin ne confondait pas les amis avec les ennemis : il ne faisait ses exécutions que sur ceux qui avaient négligé de s’en racheter. Seguite dico col solito animo, c’est ce que le marquis du Guast lui écrit, e se in me vostro amico alcuna cosa men che laudabile conoscete, ricordatevi di non lasciar di riprenderla : accioche jfatto accorto dell’ error, come desidero, lo fugga, e divenga migliore. Seguite lo stil vostro, che di nuovo ve ne prego :

  1. Jacobus Gaddius, de Scriptoribus non Ecclesiasticis, tom. I, pag. 13, apud Spizelium, in Felice Literato, pag. 112.
  2. Elle est dans un recueil publié l’an 1558, à Venise, appresso Dominico Giglio, in-8o., au feuillet 128 verso du Ier. livre.
  3. Elle est au feuillet 44 du second livre du recueil dont on a vu le titre dans la citation précédente.