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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique, 1820, T10.djvu/142

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MAIGNAN.

rit, inquit Maignanus, in rebus physicis peritissimus physicus mediocriter in geometricis versatus quàm peritissimus geometra parùm physicus. Tum addit : At si utroque genere excellat, nihil prorsùs optabilius esse potest [1]. Cette réponse du père Maignan fut imprimée comme un Appendix, et fut suivie d’un second Appendix, où il réfuta les répliques du jésuite, et où il mêla de fort bonnes observations touchant la propagation successive de la lumière, la scintillation des étoiles fixes, et les larmes de Hollande. Le troisième Appendix servit de réponse à une dissertation que M. Ducasse publia contre la raison que le père Maignan avait donnée pourquoi les larmes de Hollande se brisent en mille pièces dès qu’on en rompt le petit bout [2]. L’expérience en fut faite dans le couvent des Minimes l’an 1662, en présence de beaucoup de personnes. Le quatrième Appendix fut une réponse à un écrivain [3] que le jésuite avait chargé en mourant des intérêts de sa cause. Cet écrivain s’attacha à des accessoires, et abandonna le principal de la dispute, qui était l’accusation de paralogisme. Il se plaignit du père Maignan comme d’un auteur qui avait choqué les plus célèbres jésuites, Suarez, Vasquez, Mendoza, Zacchi, etc. Le minime satisfit à toutes ces plaintes, et n’oublia pas de représenter tout de nouveau les preuves de l’accusation de paralogisme. Ce quatrième Appendix fut imprimé en 1667, à Bordeaux, où l’auteur était allé pour les affaires de l’ordre. Le cinquième Appendix fut une réponse au père Théophile Raynaud, qui avait écrit contre l’hypothèse dont notre minime s’était servi pour expliquer la conservation des accidens du pain et du vin de l’Eucharistie. Ce jésuite avait témoigné qu’il n’entendait rien dans l’état de la question, puisqu’il avait cru que l’opinion du père Maignan était la même que celle d’un certain Sicilien nommé Chiavetta. On répondit dans le même Appendix à deux autres adversaires, qui étaient le père Vincent Baron, et le père Nicolas Arun, tous deux jacobins. Ces cinq Appendix, imprimés en divers temps, furent redonnés au public tous ensemble l’an 1652 [4]. J’ai déjà parlé [5] de la seconde édition de son Cours de Philosophie, et des deux Traités dont elle fut augmentée, l’un contre les tourbillons de M. Descartes, l’autre touchant la trompette du chevalier Morland. J’ajoute ici que ce père inventa une machine dont il fit voir le jeu à plusieurs savans, et qui renversait ce que Descartes suppose touchant la manière dont l’univers s’est formé, ou aurait pu se former, et touchant l’effort de s’éloigner du centre du mouvement par des tangentes [6].

(H) Sa majesté vit elle-même dans la cellule de ce religieux une infinité de machines et de curiosités. ] Le détail qu’on va donner peut servir à faire connaître l’industrie et la diligence du père Maignan. Properabat rex ad celebrandas nuptias suas.... Sed casu Tolosæ parumper constitit : nec inter res, quæ oculis regiis dignæ censebantur, infima fuit cellula cænobitica patris Maignani, quæ inter religiosæ egestatis angustias, si quid mathesis pulchrum coluit, includebat ; tubos omnis generis, telescopicos, microscopicos ; polioptricos, hygroscopicos, thermometricos ; ut non adjiciam machinamenta pneumatica, hydraulica, magnetica multa, sileamque de planispheriis, tabellis opticis, fabrefactis tùm ad figurati torni industrias, tùm ad vires staticas attinentibus ingeniosissimis plurimis : speculisque ustoriis, qualia nec capacioris sphæræ, nec nitidioris formæ, nec demùm incendii pernicioris ullibi tunc temporis prodebantur. In quo copiosissimo supellectilis mathematicæ apparatu non tam mirabatur rex suo cum aulico comitatu manum artificem, quæ totum elaboraverat, quàm mentem ad multò plura et utiliora reipublicæ molimina perficienda instructam. Quare recogitare apud se ipsum occœpit, quantus matheseos fulgor per universam Galliam

  1. Saguens, in Elogio Emmanuelis Maignani, pag. 35.
  2. Voyez la Physique de Rohault, Ire. part., chap. XXII, num. 47 et suiv., pag. m. 191.
  3. Le père Courboulez jésuite du collége de Toulouse.
  4. Tiré du père Saguens, pag. 34 et seq.
  5. Dans la remarque (B).
  6. Saguens, in Elogio Emmanuelis Maignani, pag. 42.