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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique (1820) - Tome 1.djvu/191

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ACHILLE.

allons faire un article à part pour celui de tous qui a eu le plus de gloire *.

    d’Héphæstion, Novæ ad variam Eruditionem Historiæ, apud Photium, num. 190, pag. 488, 489.

* Dans la première édition, après ces mots, on lisait :

« Mais avant cela je dois arrêter ici mon lecteur pour un moment. Voici pourquoi ;

avertissement au lecteur.

Monsieur Drelincourt, professeur en médecine, et doyen de l’université de Leiden, m’a fourni tant de remarques concernant Achille, que je ne saurais les placer toutes dans ce Dictionnaire. Elles mériteraient un ouvrage séparé ; ce serait l’histoire la plus complète qu’on ait jamais vue : et si je pouvais obtenir qu’avec la même bonté qui lui a fait prendre la peine de me communiquer tant d’excellens matériaux, il voulût corriger la manière dont je les mettrais en œuvre, il en résulterait un ouvrage parfaitement beau. Il m’a fourni tous les traits dont le tableau de ce héros a pu être composé. Tout ce que les anciens ont dit d’Achille se trouve dans ce recueil, avec une exactitude et une méthode admirables. Ce tableau est un ouvrage à trois colonnes ; celle du milieu est la chaîne ou la suite de toutes les qualités et de toutes les actions d’Achille. Les colonnes d’à côté contiennent très-exactement les preuves et les citations de tout, avec une infinité d’ouvertures sur les rapports et les allusions qui règnent entre ces matières et plusieurs autres, et sur les ornemens dont on les pourrait enrichir. Il est impossible de voir ce tableau sans en admirer l’auteur, soit pour l’étendue de ses lumières, soit pour la justesse de sa méthode ; mais il est surtout impossible de l’admirer autant qu’il le faut à ceux qui savent qu’il a placé avec tant d’économie le fonds de sa vaste lecture, qu’il en pût recueillir en peu de temps tout le profit, quelle que soit la matière qui se présente. Jamais homme n’eut comme lui les trésors de son érudition en argent comptant[* 1]. Je suis bien fâché que la nature de mon ouvrage ne me puisse pas permettre d’étaler ici tout ce que cet illustre doyen de la faculté de Hollande m’a communiqué touchant Achille, et qu’en attendant l’occasion d’en faire part au public, je sois contraint de n’en prendre que quelques portions pour les insérer dans mes remarques. Que cette occasion se hâte tant qu’elle voudra, elle ne saurait jamais être assez prompte, vu l’impatience que j’ai de m’en servir pour témoigner à cet incomparable professeur combien je l’honore et je l’admire, et avec quelle reconnaissance je conserve le souvenir de ses bontés. Tout ce que l’on verra de nouveau, et qui sera bon dans les remarques sur l’Achille de ce Dictionnaire, et tout ce qui aura été corrigé dans l’Achille du projet, vient de M. Drelincourt.

Les preuves de tout ce que je viens de dire sont publiques ; on n’a qu’à consulter l’ouvrage qui a été imprimé à Leide en 1693, intitulé : Homericus Achilles Caroli Drelincurtii penicillo delineatus, per convicia et laudes. Il ne diffère du tableau que je garde en manuscrit, qu’en ce que les choses n’y sont pas disposées par colonnes. L’avertissement qu’on vient de lire était déjà composé lorsque cet ouvrage a paru, et je l’ai laissé en son état. Je copierais volontiers l’article[* 2]. de l’Histoire des Ouvrages des Savans, dans lequel on a donné à l’Index Homericus, et à son auteur une partie des louanges qui leur sont dues ; mais, comme cette excellente histoire est entre les mains de tout le monde, il n’est pas nécessaire de transporter ici cet article. »

Ce passage y compris les deux notes a été depuis remplacé par les dix-sept lignes qu’on lit en tête de l’article qui suit.

  1. (*) Ingenium, (adde scientiam), in numerato habet. Augustus de Vinicio apud Senes. Controv. 13, sub. fin.
  2. (*) C’est le 11 du mois de mai 1693. Voyez aussi M. Robus dans son journal flamand, intitulé : Bockraal van Europe, au mois de septembre 1693, page 286. Je voudrais qu’on vît la lettre que M. Gronovius, l’un des plus doctes critiques de l’Europe, a écrite à M. Drelincourt, à la louange de l’Index Homericus.

(A) Qu’elle consentit à consommer le mariage.] Ces paroles de Pothius, συνελθεῖν τῷ Διί, signifient cela[1], comme il paraît par cette suite, καὶ πρώτκν μίξιν Ἥρας καὶ Διὸς ταύτκν γἔνεσθαι ϕασὶν, et ce fut alors, dit-on, que Jupiter jouit de Junon pour la première fois.

(B) Étymologies.... que l’on fait dépendre des qualités personnelles du fils de Thétis.] Il n’y a rien de plus plaisant que de voir ce que la Grèce a inventé sur ce sujet. Elle mérite là-dessus, non-seulement l’épithète de menteuse [2] et de fabuleuse[3], mais aussi celle de malè feriata, que notre terme d’oiseuse n’est pas encore en possession de signifier pleinement.

Demandez aux grammairiens grecs pourquoi ce héros fut nommé Achille : les uns vous répondront, parce qu’il donna beaucoup d’inquiétude à sa mère et à ses ennemis ; d’autres, parce

  1. Le P. Schottus les a mal traduites par ad Jovem redire.
  2. Græcia mendax. Juvenal. Sat. X. vs. 174.
  3. Μυθοτόκος Ἑλλὰς, Fabularum parens Græcia. Nonn. Dionys. lib. I.