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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique (1820) - Tome 1.djvu/444

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ALCYONIUS.

ceaux d’un Traité de Cicéron de Gloriâ, et qu’ensuite, pour empêcher qu’on ne le convainquît de ce vol, il jeta au feu ce manuscrit de Cicéron (E), l’unique qui fût au monde[a]. Les deux Harangues qu’il fit après la prise de Rome, où il représenta fort éloquemment l’injustice de Charles-Quint et la barbarie de ses soldats, dissipèrent un peu les mauvais soupçons qu’on avait formés contre lui[b]. Ce sont deux fort bonnes pièces. On parle d’une Harangue qu’il fit sur les chevaliers qui étaient morts au siége de Rhodes[c]. Il était professeur à Florence, sous le pontificat d’Hadrien VI, et avait outre sa pension dix ducats par mois du cardinal de Médicis, pour traduire un ouvrage de Galien[d]. Lorsqu’il eut su que ce cardinal avait été créé pape, il demanda son congé aux Florentins, et ne l’ayant pas obtenu, il ne laissa pas d’aller à Rome plein d’espérance de s’y avancer[e]. Il perdit tout son bien pendant les troubles que les Colonnes excitèrent dans Rome ; et quelque temps après, lorsque les troupes de l’empereur prirent la ville, l’an 1527, il reçut une blessure en se sauvant au château Saint-Ange. Il ne laissa pas d’y entrer, malgré les soldats qui le poursuivaient, et d’y joindre Clément VII. Il se rendit coupable d’une noire ingratitude envers ce pape ; car, dès que le siége fut levé, il s’alla rendre au cardinal Pompée Colonne, chez qui il mourut de maladie, au bout de quelques mois[f]. Sa vanité l’empêcha de devenir plus habile (F), et sa médisance lui attira beaucoup d’ennemis (G). Le Supplément de Moréri ne vaut rien sur cet article (H) : ce n’est qu’une copie fidèle des fautes énormes de M. Varillas. Au reste, il y a de savans hommes qui ont fort loué Alcyonius et ses traductions (I).

On trouve quelque chose qui le concerne dans les Lettres de Longolius, et qui n’est pas honorable (K).

  1. Jovius, Elogior. cap. CXXIII.
  2. Jovius, ibid.
  3. Lettres des Princes, folio 93.
  4. C’est celui de Partibus Animalium.
  5. Lettres des Princes, folio 95.
  6. Pierius Valerianus, de Litterat. infelicitat., pag. 63.

(A) Il fut correcteur d’imprimerie pendant long-temps à Venise, chez Alde Manuce. ] Paul Jove n’en dit pas tant. Cùm diù in chalcographorum officinis, dit-il[1], corrigendis erroribus menstruâ mercede operam navâsset, multâ observatione ad præcellentem scribendi facultatem pervenit. C’est de M. Varillas que je tire ce qui concerne Alde Manuce ; et j’avoue que je le fais en tremblant, vu le grand nombre de fautes que cet écrivain a commises touchant les beaux-esprits dont il a parlé dans ses Anecdotes de Florence. Le public lui est redevable, dit-il[2], de l’exactitude dont usait Alde Manuce dans l’impression des meilleurs auteurs grecs et latins que nous admirons aujourd’hui ; car il a été toute sa vie correcteur de cette fameuse imprimerie. Cette dernière particularité est fausse ; car Alcyonius était professeur à Florence, sous le pontificat d’Hadrien VI.

(B) Il acheta ce qu’il put d’exemplaires de l’écrit de Sépulvéda, contre ses versions d’Aristote, pour les jeter dans le feu. ] Paul Jove remarque cela : Quùm aliqua ex Aristotele perperàm insolenterque vertisset, in eum Sepulveda vir Hispanus, egregiè de litteris meritus, edito volumine peracuta jacula contorsit…., tanto quidem eruditorum applausu, ut Alcyonius ignomi-

  1. Paul. Jovius, Elogior. cap. CXXIII, pag. 265.
  2. Varillas, Anecdot. de Florence, pag. 168.