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Page:Bayle - Dictionnaire historique et critique (1820) - Tome 1.djvu/507

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ALSTEDIUS.

les hommes, et le jugement dernier. Il prétendit que ce règne commencerait l’an 1694. Nous savons très-certainement qu’il s’est trompé. Son gendre Bisterfeldius suivit la même opinion[a].

  1. Heideggeri Dissertatio de Chiliasmo, pag. 652.

(A) Son Encyclopédie trouva grâce devant les catholiques romains. ] Lorenzo Crasso a mis Alstedius entre les grands hommes dont il a publié l’éloge. C’est de là très-apparemment que M. Moréri a tiré l’encens qu’il donne à Alstedius. Je vois qu’on renvoie les lecteurs à un ouvrage de Sorel [1], pour apprendre des nouvelles de ce savant Allemand. Il fallait qu’il fût plus connu et plus estimé que bien d’autres parmi les catholiques romains. Le père Lami, de l’Oratoire, juge qu’Alstedius est presque le seul d’entre tous les faiseurs d’encyclopédies et de Systèmes de Sciences, qui mérite d’étre lu, et de tenir son rang dans une bibliothéque choisie[2]. Voyez la remarque suivante.

(B) On convient qu’il y a du bon dans ses Méthodes et dans ses Systèmes. ] Voici ce que M. Baillet a tiré de l’Allemand anonyme qui a fait la Bibliographia curiosa historico-philologica. « Alstedius renferme à la vérité beaucoup de bonnes choses ; mais il n’est pas assez exact en plusieurs endroits : néanmoins il n’a point laissé d’être reçu du public avec de grands applaudissemens, quand il parut pour la première fois : et il n’est pas inutile à ceux qui étant d’ailleurs destitués des autres secours, et n’ayant pas les auteurs, veulent acquérir quelque connaissance des termes de chaque profession et de chaque science. Au reste, on ne saurait trop louer sa patience et son travail, le discernement et le choix des bons auteurs qu’il a fait pour en tirer ses abrégés : car ce ne sont pas de simples lambeaux et des rapsodies mal cousues ; mais il donne les principes des sciences et des arts, avec beaucoup d’ordre : il tâche même d’être uniforme partout, quoiqu’il y ait des pièces meilleures les unes que les autres, et qu’il s’en trouve même qui ne valent rien, comme son Histoire, sa Chronologie, etc... Il faut avouer qu’il s’est souvent trop embarrassé, pour avoir voulu se rendre trop clair ; qu’il est trop chargé de divisions et de sous-divisions, et qu’il affecte une méthode trop gênée [3]. » Lorenzo Crasso rapporte que quoiqu’il y ait plus de sueur que de génie dans les ouvrages d’Alstedius, on n’a pas laissé de les estimer, et d’avoir pour ses fatigues une admiration qui le fait entrer au temple de la gloire : Con gloria del suo nome s’é emmirata la fatica fatta nelle Storie, e nella Cronologia de’ Tempi : le quali cose, quantunque in Libri diversi di Scrittori illustri sacri e profani truovansi, e vi concorra in tale raccoglimento più sudore che ingegno, tuttavia l’ordine dato da Giovanni Errico alle sudette fatiche storiche è stato da gli uomini amatori della antichita, e dell’ erudizioni assai commendato[4].

(C) Il copiait sans scrupule les autres auteurs. ] Voici ce que remarque Thomasius[5]. Hunc in Paratitlis Theologicis quicquid de silentio sacrorum affert[* 1], observo propè de verbo descripsisse è Casaubone[* 2], quem nominari tamen etiam lectoris intererat, ut sciret undè plura sibi haurienda forent. Vereor autem ne quercum eandem alibi quoque excusserit, cùm in ipso ad lectorem principio reperiam periodum unam alteramque dedicationis Casaubonianæ.

(D) Himmelius… est un de ceux qui ont écrit contre lui. ] Son ouvrage est intitulé Anti-Alstedius, sive Examen Theologiæ Polemicæ Joannis Henrici Alstedii. Quand cette remarque ne servirait qu’à marquer le titre d’un des principaux ouvrages d’Alstedius, elle ne serait pas entièrement inutile.

  1. (*) Tit. Initiati, pag. 166, 167, 168.
  2. (*) Exerc. XVI ad Baron., num. 43, p. 399.
  1. De la Perfection du Chrétien, pag. 591, cité par Konig, Bibliothecæ veter. et novæ, p. 29
  2. Entret. sur les Sciences, cité par Baillet, Jugemens des Savans, tom. II, num. 269, p. 328.
  3. Baillet, Jugemens des Savans, tom. II, pag. 328.
  4. Lor. Crasso, Elogii d’Huomiai Letterati, pag. 214.
  5. Dans son Traité de Plagio Literario, num. 354, pag. 155.