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Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 1.djvu/154

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fut à demi-portée, faire commencer le feu, selon que le demandèrent les équipages, avec d’autant plus de raison qu’on eût encouru la chance de le dégréer, de faire engorger sa ligne au point de le faire échouer, ou du moins lui faire manquer son but d’attaquer la tête. Les capitaines se refusèrent à cet élan des équipages, sur ce que les généraux n’en donnaient point le signal ; et en attendant qu’ils s’avisassent de le faire, l’ennemi se portait où bon lui semblait, sans essuyer d’opposition de notre part, quoiqu’à la portée du pistolet.

Le premier sentiment de nos équipages fut l’indignation ; il en résulta la confusion ; et de la confusion, ils en vinrent à obéir aussi mal qu’ils furent commandés. Il en était autrement de l’ennemi par la bonne position que nous lui avions laissé prendre. La nôtre était devenue si mauvaise, que nos vaisseaux, dans quatre heures et demie de combat, avaient à peine tiré trois cents coups de canon, tandis que l’ennemi nous criblait.