Aller au contenu

Page:Beaugrand - Lettres de voyages - France, Italie, Sicile, Malte, Tunisie, Algérie, Espagne, 1889.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
LETTRES DE VOYAGE

mouvement des grandes villes de la métropole, forme, au nord-ouest, un peu plus du tiers de la ville, et comprend les vastes bâtiments de la Kasbah, l’église, l’ancien palais d’Ahmed-Bey, la préfecture, la mairie et les hôtels de la banque, du trésor et des postes. Les constructions qui ont remplacé les maisons arabes bordent des rues coupées à angle droit et allant aboutir aux places de Nemours et du Palais.

« Le quartier arabe compte 20,825 habitants ; c’est le centre où aboutit le commerce de l’intérieur, dont les Arabes de la ville sont les intermédiaires intelligents et traditionnels. C’est à Constantine que l’on retrouve la couleur locale qui tend à disparaître de plus en plus des autres villes de l’Algérie. Rien n’est plus curieux à visiter que cette fourmilière, qu’on appelle le quartier arabe, où les rues et les impasses étroites et tortueuses, à ciel ouvert ou voûtées, forment le labyrinthe le plus inextricable qu’on puisse imaginer, et dont l’ignoble saleté serait à craindre en cas d’épidémie. Un grand nombre de marchands et d’artisans occupent ces petites boutiques, que nous avons déjà eu l’occasion de décrire, et dans lesquelles est souvent entassée une grande quantité de marchandises. Mais ce qui étonne le plus, c’est le nombre prodigieux de cordonniers installés dans des rues entières, si l’on ne savait que tous les indigènes de la province viennent s’approvisionner de chaussures à Constantine. Ailleurs, le boucher, l’épicier, le fruitier, le tailleur, le brodeur, le potier, le forgeron, le marchand de tabac, le cafetier, le barbier, occupent concurremment les autres boutiques.

« L’animation que présentent les rues arabes ne forme pas un des spectacles les moins curieux de Constantine.