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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/103

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donc de se retirer de la cour ; mais, malgré cet ordre, il disait de tems en tems que c’était un honnête homme, qu’il ne l’aimait plus ; mais qu’il l’estimait, malgré lui-même. Les confidens craignaient toujours, qu’il ne prit fantaisie au roi de rappeler son gouverneur, et ils crurent avoir trouvé une occasion favorable pour se débarrasser de lui. Ils firent entendre au roi, que Suliman (c’était le nom de ce digne homme) s’était vanté de rentre la liberté à Zélie. Trois hommes corrompus par des présens dirent qu’ils avaient ouï tenir ce discours à Suliman ; et le prince, transporté de colère, commanda à son frère de lait, d’envoyer des soldats pour lui amener son gouverneur, enchaîné comme un criminel. Après avoir donné ces ordres, Chéri se retira dans sa chambre : mais, à peine fut-il entré, que la terre trembla ; il fit un grand coup de tonnerre, et Candide parut à ses yeux. J’avais promis à votre père, lui dit-elle, d’un ton sévère, de vous donner des