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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/10

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vous êtes généreux, donnez cet or à cette pauvre femme ; je vous en aurai autant d’obligation que si vous me l’aviez donné à moi-même. En finissant ces mots, elle s’en alla. Gardez-vous-en bien, dit Betsi ; je vous avais bien dit que ma sœur était une sotte. Qui a jamais vu donner quatre guinées à une telle femme, pendant que nous avons mille choses à acheter ? Tenez, monsieur, donnez-moi cet argent que ma sœur refuse, et je donnerai mon schelling à cette femme.

Le gentilhomme lui dit : Vous aurez les huit guinées ; mais cela ne m’empêchera pas d’en donner quatre ; elles sont à votre sœur, puisque je lui en avais fait présent ; elle a été la maîtresse d’en disposer selon son goût.

Quand Betsi fut partie, le gentilhomme fit de grandes réflexions : Mon Dieu ! disait-il, pourquoi la cadette n’a-t-elle pas le visage de l’aînée ? ou pourquoi l’aînée n’a-t-elle pas le caractère de la cadette ? Après tout, c’est une folie d’épouser un