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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/144

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vernante. Comme on destinait Henriette à épouser un homme de qualité, on eut grand soin de choisir une personne qui pût effacer en elle jusqu’aux vestiges d’une naissance roturière. On prit donc une femme à grands airs. On s’informa soigneusement si elle savait très-bien le français, et ce fut le seul article qu’on daigna approfondir. Elle était en Hollande depuis peu de tems : elle avait, disait-elle, quitté la France, et même un couvent où elle avait été élevée, par une inspiration du Saint-Esprit, qui lui avait fait connaître la fausseté de la religion de ses pères. Elle avait fait abjuration en arrivant en Hollande, et, depuis trois mois qu’elle y était, son hôte, le ministre qui l’avait instruite, assurait qu’elle était de bonnes mœurs. C’était plus qu’il n’en fallait pour les parens d’Henriette. Mademoiselle Benoît (c’était le non de cette gouvernante), fut reçue avec confiance. On lui recommanda d’élever son élève en fille de qualité,