Aller au contenu

Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(145)

multipliés ; enfin, dans le dernier, le baron joua le rôle d’amant timide, n’osa parler que des yeux, et laissa échapper, parmi les regards de tendresse, des soupirs qui paraissaient plus les enfans du chagrin que de l’Amour. Henriette fut mille fois tentée de lui demander le sujet de sa tristesse ; mais la crainte d’une déclaration trop prompte, pour être dans la règle du bon roman, la retint.

Cependant, l’ami du baron, qui se faisait appeler comte, n’avait pas été si circonspect avec la Benoît. Il lui avait avoué qu’il l’adorait, qu’il était résolu de mettre à ses pieds une fortune considérable ; mais qu’il se voyait forcé de différer à un autre tems l’accomplissement d’un dessein qui pouvait seul le rendre heureux. L’amitié, lui dit-il avec un désespoir feint, me force à m’arracher à l’amour. Un pareil discours ne pouvait qu’alarmer la Benoît et exciter sa curiosité : elle pressa le comte de lui ouvrir son cœur ; et ce fourbe, feignant de ne