Aller au contenu

Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(148)

amant : J’avoue que les parens d’Henriette ont l’ame intéressée : cependant la haute naissance du baron pourrait les éblouir. J’ai quelque pouvoir sur leur esprit ; et, si vous consentez…

Ah ! gardez-vous de leur laisser pénétrer nos sentimens, dit le comte en l’interrompant ; quand même la différence des religions ne serait pas un obstacle invincible à leur consentement, je ne pourrais me flatter d’obtenir l’aveu du père du baron ; fier de sa noblesse, tout l’or du Pérou ne pourrait l’engager à une mésalliance. Je vous le répète, la fuite est le seul remède que je doive tenter pour sauver mon ami. Je vais employer tout le pouvoir que j’ai sur son esprit pour l’engager à partir dans deux jours ; et si vous voulez vous trouver demain à l’Opéra, je vous y dirai un adieu qui sera bien cruel pour moi, mais qu’il ne m’est pas possible de retarder plus long-tems.

La Benoît aurait peut-être, dès cet instant, proposé le honteux projet d’un