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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/177

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porte de son hôtel, un grand drôle qui, malgré la suie dont il était barbouillé, avait fort bonne-mine ; il résolut d’en faire l’instrument de sa vengeance, et, l’ayant abordé, il lui fit plusieurs questions. Ce garçon qui se nommait Robillard, avait du bon sens, et Disenteuil se félicita d’avoir si bien rencontré. Il lui promit d’avoir soin de sa fortune, s’il voulait lui vouer une obéissance sans bornes ; et Robillard l’ayant assuré qu’il pouvait disposer de lui, il lui donna quelqu’argent pour s’équiper, et lui commanda de le venir trouver le lendemain dans l’allée de l’Orangerie.

Robillard fut exact au rendez-vous, et Disenteuil eut peine à le reconnaître, sous cette nouvelle décoration ; il le fit partir pour Rouen ; et, l’ayant adressé à un négociant de ses amis, on lui donna pendant six mois tous les maîtres qui pouvaient servir à polir son extérieur. Il s’appliqua sur-tout à l’italien, qu’il parvint à parler passablement ; et le négo-