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La nuit se passa, et le marquis se préparait à retourner chez Angélique, lorsqu’il reçut une lettre de Boissart, qui lui mandait que sa fille lui ayant demandé avec instance de la reconduire au couvent, il n’avait pu lui refuser cette grâce ; qu’il le priait de l’excuser ; et qu’à son retour, il se rendrait à ses ordres.

Quelle nouvelle pour un homme qui se croyait heureux ! Pourra-t-il voir ce qu’il aime ? Lui en accordera-t-on la permission ? Il passa une journée cruelle. Sur le soir, le fermier vint ; et la façon dont il parla de sa fille, rassura le marquis sur la crainte où il était qu’elle n’eût fait des plaintes contre lui.

Il fut huit jours sans oser aller au couvent : enfin, il monta à cheval, et s’y rendit. Il demanda Angélique, de la part de son père, et elle parut bientôt au parloir, où on l’avait fait entrer. Elle marqua une surprise extrême en voyant de Clerville, et fut même sur le point de se retirer.