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Marianne ; et persuadé qu’en gagnant du tems, il pourrait parer le coup affreux qu’on voulait lui porter, il promit à son père de faire tout ce qu’il voudrait. Il eut bientôt lieu de se repentir de sa promesse ; à peine eut-il été présenté chez son futur beau-père, qu’il fut agréé. Monsieur de la Noix, profitant de l’étourdissement de son fils, le maria en trois jours ; et ce jeune homme ne revint à lui, qu’après, avoir prononcé le fatal oui.

Bien résolu de s’en tenir à cette première cérémonie qui manquait à son premier mariage, il se contrefit assez bien le reste du jour ; mais le soir arrivé, dans le tems où l’on célébrait à table ce beau mariage, le marié courut à l’écurie ; et, s’étant saisi du premier cheval qu’il y trouva, il fut à Auxerre, avant qu’on eût parcouru les maisons voisines pour s’informer si personne ne l’avait vu. Monsieur de la Noix savait bien à quoi s’en tenir ; mais il n’osait déclarer la violence qu’il avait faite à son fils, et feignait