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caprices, et qu’il quitterait tout pour la satisfaire. Elle l’envoya donc chercher, et lui dit :

Il me faut un habit de cheval pour demain à six heures ; je sais qu’il est huit heures du soir ; ainsi, il faudra y travailler toute la nuit, car je veux l’avoir absolument. Souvenez-vous de plus qu’il me le faut magnifique et galant, n’épargnez pas ma bourse ; je ne dirai rien du prix, pourvu qu’il soit beau. Cela suffit, madame, reprit le tailleur, vous serez satisfaite ; et il était fort content lui-même quand Émilie avait des fantaisies, parce qu’il savait qu’elle ne regrettait pas l’argent dans ces occasions, elle payait le mémoire sans le lire, et il avait coutume alors de lui demander vingt guinées, pour une chose qui n’en valait que dix. Émilie ne put dormir toute la nuit, le désir de voir son habit, lui avait agité le sang. Le tailleur était à sa porte à cinq heures du matin ; mais, par le plus grand malheur du monde, cet homme qui sa-