Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/37

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testament. Sa jeunesse et son bon tempérament la sauvèrent ; et, lorsqu’elle fut entièrement rétablie y elle assembla toute sa famille et ses amis pour leur donner un grand dîner. Tout le monde lui marquait sa joie de son heureux rétablissement ; et les complimens qu’on lui faisait à cet égard paraissaient si sincères, qu’elle fut tentée de se réjouir d’avoir un si grand nombre de vrais amis. Tout d’un coup il lui vint en pensée qu’elle ne pouvait trouver une meilleure occasion de faire usage de sa bague, puisqu’elle pouvait lui-faire connaître si la tendresse que ses parens et ses amis lui témoignaient, était réelle. Elle la mit donc à son doigt ; et, dans le même moment, une de ses cousines qui l’accablait de caresses, changeant tout-à-coup de visage, lui dit : Si tu avais valu quelque chose, tu serais crevée ; je l’espérais bien, et j’attendais le moment de ta mort avec impatience, pour devenir la maîtresse de tes girondoles de diamans que tu me laissais par ton testament.