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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/46

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ne me restait d’autre lieu, où je la puisse voir, que chez vous.

As-tu le sens commun ? dit le père de ce jeune homme en l’interrompant. Tu possèdes déjà de grands biens, et, loin de chercher à les doubler, en épousant une femme riche, tu t’avises de sacrifier ta fortune à une figure qui te plaît aujourd’hui, et qui te déplaira sûrement six mois après la noce, parce que tu te rappelleras alors la sottise qu’elle t’aura fait faire. Pour être heureux dans la vie, apprends, qu’il ne faut que beaucoup d’argent ; avec cela on achète des plaisirs, des honneurs, de la réputation et du mérite.

Mais, monsieur, dit Émilie, je ne suis pas plus riche que ma sœur Éliante, et mon dessein est de partager ma fortune avec elle, si vous voulez donner votre consentement à son mariage, avec votre fils. J’achèterai volontiers à ce prix le bonheur de ma sœur, et d’un homme que je me croirai trop fortunée d’avoir pour ami. Je me trompe fort, ou ce n’est point la