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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/62

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vu l’écriture de sa maîtresse. Ensuite, elle fut s’enfermer chez son amie, qui obligea un domestique de veiller sur toutes les démarches du chevalier : c’était dans le commencement du carnaval, et ces dames pensaient qu’il irait au bal de l’opéra, qu’il aimait beaucoup. Elles ne se trompèrent pas, et se masquèrent toutes deux en grisettes, c’est-à-dire, en femmes du commun. Comme le masque déguise le son de la voix, et que d’ailleurs le chevalier avait reçu de Lyon une lettre de la marquise, il n’eut garde de la reconnaître : elle commença avec lui une conversation fort animée ; il fut charmé de son esprit. Il la pria de se trouver au premier bal dans le même déguisement, et elle le lui promit, pour tout le reste du carnaval. Dès le troisième bal, il lui fit une déclaration d’amour, et la conjura de se démasquer. Elle refusa de le faire, dans la crainte que son peu de beauté ne détruisît les sentimens qu’elle lui avait inspirés ; d’ailleurs, ajoutait-elle, je ne