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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/66

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l’après-dîner, et de lui apporter ces beaux enfans. Lorsqu’elle fut arrivée, la marquise la pria de lui expliquer ce qu’elle lui avait dit le matin, et cette femme lui parla en ces termes :

Il y a trente ans que j’entrai au service d’un honnête homme, et, après sa mort, je restai chez son fils qui est le père de ces deux enfans ; mon maître, sans être riche, était à son aise ; un malheureux procès qu’il a perdu, l’a ruiné absolument il y a six mois ; il me devait presque tous mes gages qu’il n’était pas en état de me payer ; il me demanda pardon en pleurant de l’injustice qu’il était forcé de me faire, et m’exhorta à chercher une condition, en me promettant de me payer, si cela était jamais en son pouvoir. Je vous avoue, continua cette femme, que je n’eus pas le courage d’abandonner mes maîtres dans une situation si triste. Je leur donnai de grand cœur ce qu’ils me devaient, et je m’offris à rester pour aider à sa femme à blanchir du linge. Nous