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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/78

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fitures, et autres choses pareilles, étaient enfermés dans un cabinet dont elle gardait elle-même la clé. Elle savait, à point nommé, ce qui devait se consommer de provisions, et il n’eût pas été possible de la tromper, même dans des bagatelles. Elle voulait que tout eût un air d’aisance, de magnificence, sans vouloir le moindre dégât : bientôt je me vis réduite à vivre des miettes qui tombaient de la table des domestiques : pas un chétif morceau de fromage, pas un bout de chandelle ; tout était ramassé, mis à profit. Maudite femme ! m’écriais-je, dans ma douleur. Qui croirait, en voyant la profusion des mets qui paraissent sur ta table, qu’il y eût famine chez toi pour un animal à qui il faut si peu de chose pour le nourrir ? Je me flattais quelquefois que cela ne durerait pas : je perdis bientôt cette espérance ; elle ne dura pas long-tems. Les deux pacifiques chats, dont j’ai parlé, n’avaient point abandonné la maison, et faisaient une mine assez triste : je fus