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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/128

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grettes brillant à la douce clarté de la lune. La grande place ne ressemblait pas mal à un parterre émaillé des plus belles tulipes de l’Orient.

Le Calife en habit de cérémonie, s’appuyant sur son visir et sur Bababalouk, descendit la grande rampe de la tour. La multitude entière était prosternée, et les chameaux magnifiquement chargés s’agenouillaient devant lui. Ce spectacle était superbe, et le Calife lui-même s’arrêta pour l’admirer. Tout était dans un silence respectueux : il fut pourtant un peu troublé par les cris des eunuques de l’arrière-garde. Ces vigilants serviteurs avaient remarqué que quelques cages à dame penchaient trop d’un côté ; certains gaillards s’y étaient adroitement glissés ; mais on les en dénicha bien vite, avec de bonnes recommandations aux chirurgiens du sérail.

D’aussi petits événements n’interrompirent pas la majesté de cette auguste scène ; Vathek salua la lune d’un air