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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/173

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une abeille qui s’enivre du suc des fleurs.

Pendant l’allégresse, qui était générale, on vit une lumière sur la cime de la plus haute montagne. Cette lumière répandait une clarté douce, et on l’aurait prise pour celle de la lune en son plein, si cet astre n’eût pas été sur l’horizon. Ce spectacle causa une émotion générale ; on s’épuisait en conjectures. Ce ne pouvait pas être l’effet d’un embrasement, car la lumière était claire et bleuâtre. Jamais on n’avait vu de météore d’un tel coloris, ni de cette grandeur. Un moment, cette étrange clarté devenait pâle ; un instant après, elle se ranimait. D’abord, on la crut fixée sur le pic du rocher ; tout à coup, elle le quitta et étincela dans un bois touffu de palmiers ; de là, se portant le long des torrents, elle s’arrêta enfin à l’entrée d’un vallon étroit et ténébreux. Gulchenrouz, dont le cœur frissonnait à tout ce qui était imprévu et extraordinaire, tremblait de peur. Il tirait Nouronihar par sa robe, et la suppliait de retourner au harem. Les femmes en firent