Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/196

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s’écria : Perfide Giaour ! c’est toi qui as tué ma chère Nouronihar : je renonce à toi, et demande pardon à Mahomet ; il me l’aurait conservée si j’avais été plus sage. Allons, qu’on me donne de l’eau pour faire mes ablutions, et que le bon Fakreddin vienne ici, pour que je me réconcilie avec lui et que nous fassions la prière. Après cela, nous irons ensemble visiter le sépulcre de l’infortunée Nouronihar. Je veux me faire ermite et passer mes jours sur cette montagne pour y expier mes crimes. — Et que mangerez-vous là, lui dit Bababalouk ? — Je n’en sais rien, repartit Vathek : je te le dirai quand j’aurai appétit : ce qui ne m’arrivera, je crois, de longtemps.

L’arrivée de Fakreddin interrompit cette conversation. Dès que Vathek le vit, il lui sauta au col, et le baigna de ses larmes, en lui disant des choses si pieuses, que l’Émir en pleurait de joie, et se félicitait tout bas de l’admirable conversion qu’il venait d’opérer. On comprend qu’il n’osait pas s’opposer au pèlerinage de la montagne ; ils se