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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/210

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Nerkès en pensait autant, et Cafour avait un goût particulier pour les pestilences. Au matin, cette gentille caravane, guidée par les deux bûcherons, s’arrêta sur les bords d’un grand marais d’où s’exhalait une vapeur mortelle, qui aurait tué tout autre animal qu’Alboufaki, qui naturellement pompait avec plaisir ces malignes odeurs. Les paysans supplièrent les dames de ne pas dormir dans ce lieu. Dormir ! s’écria Carathis ; la belle idée ! Je ne dors jamais que pour avoir des visions ; et quant à mes suivantes, elles ont trop d’occupations pour fermer le seul œil qu’elles ont. Les pauvres gens, qui commençaient à ne pas trop se plaire dans cette compagnie, restèrent la gueule béante.

Carathis mit pied à terre, aussi bien que les négresses qu’elle avait en croupe ; et toutes s’étant mises en chemise et en caleçons, elles coururent à l’ardeur du soleil pour cueillir des herbes vénéneuses, dont il y avait à foison le long du marécage. Cette provision était destinée pour la