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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/249

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autant de trônes d’argent, assistaient à mes jugements. Tandis que je rendais ainsi justice à des multitudes innombrables, les oiseaux, voltigeant sans cesse sur ma tête, me servaient de dais contre les ardeurs du soleil. Mon peuple fleurissait ; mes palais s’élevaient jusqu’aux nues : je bâtis un temple au Très-Haut, qui fut la merveille de l’univers ; mais je me laissai lâchement entraîner par l’amour des femmes, et par une curiosité qui ne se bornait pas aux choses sublunaires. J’écoutai les conseils d’Aherman, et de la fille de Pharaon ; j’adorai le feu et les astres ; et quittant la ville sacrée, je commandai aux Génies de construire les superbes palais d’Istakhar et la terrasse des phares, dont chacun était dédié à une étoile. Là, pendant un temps, je jouis en plein de la splendeur du trône et des voluptés ; non seulement les hommes, mais encore les Génies, m’étaient soumis. Je commençai à croire, ainsi que l’ont fait ces malheureux Monarques qui m’entourent, que la vengeance céleste était