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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/251

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sache que c’est ici le séjour du désespoir et de la vengeance ; ton cœur sera embrasé comme celui de tous les adorateurs d’Eblis ; peu de jours te sont donnés avant ce terme fatal, emploie-les comme tu voudras ; couche sur des monceaux d’or, commande aux puissances infernales, parcours tous ces immenses souterrains à ton gré, aucune porte ne te sera fermée ; quant à moi, j’ai rempli ma mission, et je te laisse à toi-même. En disant ces mots, il disparut.

Le Calife et Nouronihar restèrent dans un accablement mortel ; leurs larmes ne pouvaient couler, à peine pouvaient-ils se soutenir : enfin, ils se prirent tristement par la main, et sortirent en chancelant de cette salle funeste, sans savoir où ils allaient. Toutes les portes s’ouvraient à leur approche, les Dives se prosternaient devant leurs pas, des magasins de richesses se déployaient à leurs yeux ; mais ils n’avaient plus ni curiosité, ni orgueil, ni avarice. Avec la même indifférence, ils entendaient