Aller au contenu

Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de sa naissance et le sein qui l’avait portée, elle se mit à courir pour ne plus s’arrêter ni goûter un moment de repos.

À peu près dans ce même temps, la même voix avait annoncé au Calife, à Nouronihar, aux quatre Princes et à la Princesse le décret irrévocable. Leurs cœurs venaient de s’embraser ; et ce fut alors qu’ils perdirent le plus précieux des dons du Ciel, l’espérance ! Ces malheureux s’étaient séparés en se jetant des regards furieux. Vathek ne voyait plus dans ceux de Nouronihar que rage et que vengeance ; elle ne voyait plus dans les siens qu’aversion et désespoir. Les deux Princes amis, qui, jusqu’à ce moment, s’étaient tenus tendrement embrassés, s’éloignèrent l’un de l’autre en frémissant. Kalilah et sa sœur se firent mutuellement un geste d’imprécation. Les deux autres princes témoignèrent par des contorsions effroyables et des cris étouffés l’horreur qu’ils avaient d’eux-mêmes. Tous se plongèrent dans la foule maudite pour y errer dans une éternité de peines.