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Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/117

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CONTE ARABE.

encore ! À ces accens chéris, Nouronihar se débairassa des feuilles, & courut serrer Gulchenrouz dans ses bras. Les longues simarres dont ils étoient revêtus, leurs couronnes de fleurs & leurs pieds nuds, furent les premières choses qui frappèrent ses regards. Elle cacha son visage dans ses mains pour réfléchir. La vision du bain enchanté, le désespoir de son père, & sur-tout la figure majestueuse de Vathek lui rouloient dans l’esprit. Elle se ressouvenoit d’avoir été malade & mourante, aussi bien que Gulchenrouz ; mais toutes ces images étoient confuses dans sa tête. Ce lac singulier, ces flammes réfléchies dans les eaux paisibles, les pâles couleurs de la terre, ces cabanes bizarres ; ces joncs qui se balançoient tristement d’eux-mêmes, ces cigognes, dont le cri lugubre se mêloit aux voix des nains ; tout la convainquit que l’ange de la mort lui avoit ouvert le portail de quelque nouvelle existence.

Gulchenrouz, de son côté, dans des transes mortelles, s’étoit collé contre sa cousine. Il se croyoit aussi dans le pays des fantômes, & s’effrayoit du silence qu’elle gardoit. Parle, lui dit-il enfin, où sommes-nous ? Vois-tu ces spectres qui remuent cette braise ardente ? Seroient-ce Monkir & Nekir61 qui vont nous y jetter ? Le fatal