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Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/27

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retira dans l’intérieur du sérail. Il avoit toujours été bon mari ; ses femmes se défolèrent de son état, ne se lassèrent point de faire des vœux pour sa santé, & de lui donner à boire.

Cependant la princesse Carathis étoit dans la plus vive douleur. Elle se renfermoit tous les jours avec le visir Morakanabad, pour chercher les moyens de guérir, ou du moins de soulager le malade. Persuadés qu’il y avoit de l’enchantement, ils feuilletoient ensemble tous les livres de magie, & faisoient chercher par-tout l’horrible étranger qu’ils accusoient d’être l’auteur du charme.

À quelques milles de Samarah, étoit une haute montagne couverte de thim & de serpolet ; une plaine délicieuse en couronnoit le sommet ; on l’auroit prise pour le paradis destiné aux fidèles Musulmans. Cent bosquets d’arbustes odoriférans, & autant de bocages où l’oranger, le cèdre & le citronnier offroient en s’entrelaçant avec le palmier, la vigne & le grenadier, de quoi satisfaire également le goût & l’odorat. La terre y étoit jonchée de violettes ; des touffes de giroflées embaumoient l’air de leurs doux parfums. Quatre sources claires, & si abondantes qu’elles auroient pu désaltérer dix armées, ne sembloient