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Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/64

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VATHEK,

Le jour qui précéda le départ de ce prince insensé, Carathis crut devoir lui renouveller ses conseils. Elle ne cessoit de répéter les décrets du parchemin mystérieux qu’elle avoit appris par cœur, & recommandoit sur-tout de n’entrer chez qui que ce fût pendant le voyage. Je fais bien, lui disoit-elle, que tu es friand de bons plats & de jeunes filles ; mais contente-toi de tes anciens cuisiniers, qui sont les meilleurs du monde, & souviens-toi que dans ton sérail ambulant, il y a pour le moins trois douzaines de jolis visages auxquels Bababalouk n’a pas encore levé le voile. Si ma présence n’étoit pas nécessaire ici, je veillerois moi-même à ta conduite. J’aurois grande envie de voir ce palais souterrein, rempli d’objets intéressans pour les gens de notre espèce ; il n’est rien que j’aime autant que les cavernes ; mon goût pour les cadavres & les momies est décidé, & je gage que tu trouveras la quintessence de ce genre. Ne m’oublie donc pas, & dès le moment que tu seras en possession des talismans qui doivent te donner le royaume des métaux parfaits, & t’ouvrir le centre de la terre, ne manque pas d’envoyer ici quelque génie de confiance pour me prendre avec mon cabinet. L’huile de ces serpens que j’ai pincés jusqu’à la