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Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/81

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CONTE ARABE.

annoncèrent l’arrivée de Fakreddin, avec cent barbons, autant d’Alcorans, & autant de dromadaires. On se mit vîte aux ablutions & à reciter le Bismillah43. Vathek se débarrassa de ses importuns moniteurs, & en fit de même ; car il avoit les mains brûlantes.

Le bon Emir, qui étoit religieux à toute outrance, & grand complimenteur, fit une harangue cinq fois plus longue, & cinq fois moins intéressante, que celle de ses petits précurseurs. Le Calife n’y pouvant plus tenir, s’écria : pour l’amour de Mahomet ! finissons, mon cher Fakreddin, & allons dans votre verte vallée, manger les beaux fruits dont le ciel vous a fait présent. Sur ce mot d’allons, on se mit en marche ; les vieillards alloient un peu lentement ; mais Vathek, sous-main, avoit ordonné aux petits pages d’éperonner les dromadaires. Les cabrioles que ces animaux faisoient, & l’embarras de leurs cavaliers octogénaires, étoient si plaisans, qu’on n’entendoit qu’éclats de rire dans toutes les cages.

On descendit pourtant heureusement dans la vallée par de grands escaliers que l’Emir avoit fait pratiquer dans le roc ; & déjà on commençoit à entendre le murmure des ruisseaux & le frémissement des feuilles. Le cortège enfila bientôt