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Page:Becq de Fouquières - Œuvres choisies des poètes français du XVIe siècle, 1879.djvu/244

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POÈTES DU XVIe SIÈCLE.

Pareille est l’amitié que d’un on a conceue,
Qui veut beaucoup d’amis à la fin embrasser :
Car, laissant l’un, il va le dernier caresser
Et déçoit l’amitié d’une amitié deceue.
Mais moy, connoissant bien qu’un fleuve s’épuisant
En beaucoup de ruisseaux est foible et languissant,
Je ne veux départir en tant de parts la mienne.
Vous aimant donc, Lermit, je ne veux pas pourtant
Jamais haïr autruy, mais non en aimer tant :
Car je veux qu’à vous seul l’amitié me retienne.



Du paresseux sommeil où tu gis endormie
Desjà par si long temps, ô France, éveille-toy.
Respire dédaigneuse et tes offences voy.
Ne sois point ton esclave et ta propre ennemie.
Ropren ta liberté, guéri ta maladie.
Et ton antique honneur, ô France, ramentoy • ;
Légère désormais sans bien savoir pourquoy.
Dans un sentier tortu ne donne à l’étourdie.]
Si tu regardois bien les annales des rois,
Tu connoistrois avoir triomphé mille fois
De ceux qui veulent or’* amoindrir ta puissance.
Sans toy, qui contre toy dépite ouvres le sein,
Ces ventres de harpie, éjunez’par souffrance,
N’auroient jamais osé passer le Rhin germain.



Seigneur, je n’ay cessé, dès la fleur de mon âge,
D’amasser sur mon chef péchez dessur péchez ;
Des dons que tu m’avois dedans l’ame cachez,
Plaisant je m’en servois à mon désavantage.

1. Rappelle à ton souvenir*. — 2. Maintenant. — 3. Épuisés.