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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/137

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filé… C’est une des productions de cette île, n’y voulant pas demeurer longtemps, je ne saurais les connaître toutes. Par le même motif, et voulant tenter d’abord à Cipango, le Lemps me manque pour faire chercher où les habitants de cette île se procurent l’or qu’ils portent à leur nez. Mais voici la nuit, et ils sont tous retournés à terre sur leurs canots. »

Ainsi qu’il l’avait résolu, Colomb entreprit dès le lendemain l’exploration des côtes de San Salvador. Il trouva partout, chez les naturels, le même accueil et les mêmes usages, sauf, en quelques endroits, des huttes grossièrement construites en forme de tentes, et de délicieux vergers où poussaient des légumes, des arbres à fruits, et dans ces jardins, « les plus beaux qu’il eût jamais vus », des sources d’eau douce très abondantes, et ce qui, dans sa bouche, devient un trait de caractère, « des pierres propres à bâtir des églises ».

Les habitants, venus à lui à la nage ou en pirogues, insistaient pour qu’il débarquât ; mais la crainte des récifs lui fit prendre le large, et bientôt, il se trouva entouré d’un si grand nombre d’îles, qu’il ne savait à laquelle aborder : « Ses yeux, dit-il, ne se lassaient pas d’admirer des verdures si belles et si différentes des nôtres, et il venait de terre une si bonne et si suave odeur, que c’était chose la plus douce du monde. »

Il se détermina enfin pour celle de ces îles qui lui paraissait la plus grande et il en prit possession dans les formes accoutumées, comme à San Salvador, il y fit élever une croix, et donna à la seconde terre où il eût abordé le nom de Sainte-Marie de la Conception. N’y ayant trouvé ni or ni rien qui dût le retenir, il continua