Aller au contenu

Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Évidemment, il y eut sur ce point un malentendu qui menace de ne jamais être éclairci.

Un autre cacique, non moins bienveillant, se trouvait en possession d’un morceau d’or gros comme le poing, il le divisa lui-même en plusieurs parcelles pour faciliter des échanges avec ses hôtes. Il annonça, du reste, qu’il avait envoyé chercher une plus grande quantité de ce précieux métal ; il parla lui aussi de Babèque, comme d’un pays très voisin, et, le soir venu, il se retira dans l’intérieur de l’île où était son habitation.

Deux jours après, il revint porté à dos d’hommes, en une sorte de palanquin, suivi d’une nombreuse escorte, et accompagné de deux vieillards, dont l’un était son conseiller et l’autre son précepteur à ce qu’on crut entendre, Il venait rendre visite à l’Amiral qu’il surprit à bord, dinant sous le château de poupe.

Colomb constate que ce cacique ne lui permit pas de se déranger, et qu’invité à prendre part au repas, il n’accepta de chaque mets que juste ce qui était nécessaire pour ne point se montrer impoli. « Il en usa de même pour les boissons qu’il portait à sa bouche, et que, après y avoir goûté, il passait lui-même aux gens de sa suite. Son air, ses gestes, étaient d’une dignité remarquable. »

Cette dignité et cette discrétion ne résistèrent pas cependant à la vue d’un objet qui, sans doute, dépassait en magnificence tout ce qui avait pu tenter jusqu’alors un prince si bien élevé.

Tandis que Colomb l’entretenait, à l’aide des Indiens de San Salvator emmenés pour lui servir de truchement, le cacique était devenu tout à coup distrait ; ses yeux se portaient fréquemment, et comme malgré lui, vers la garniture de lit de l’amiral. Celui-ci