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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/207

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étaient mangées dès qu’elles avaient cessé de plaire, et toujours avant l’âge où leur chair aurait pu commencer à perdre de sa qualité.

Il en était de même des fruits de ces unions effroyables, et Juan Perez, qu’étonnait l’extraordinaire embonpoint de ces pauvres enfants, apprit qu’ils le devaient aux mêmes moyens à l’aide desquels nous obtenons les plus délicates et les moins fécondes de nos volailles.

Christophe Colomb recueillit toutes ces victimes à l’exception de quelques femmes, qui, parées et pourvues de toutes sortes d’objets faits pour séduire des sauvages, furent députées aux familles caraïbes qu’on savait s’être réfugiées dans les bois. Les malheureuses revinrent bientôt dépouillées et horriblement maltraitées, sans que personne eût voulu seulement les entendre. On les emmena avec les autres, et l’occasion s’en étant bientôt présentée, on s’empressa de les rapatrier.

Toujours animé du désir de rencontrer ces Caraïbes, dont l’énergie lui promettait des alliés plus utiles, et même un jour des chrétiens plus fervents que les débiles et voluptueux Ciguaïens, l’Amiral quitta la Guadeloupe, se flattant de surprendre la petite escadre qui en était partie pour aller faire aux environs sa provision de chair humaine.

Chemin faisant, il découvrit et nomma l’île de Monserrat, qui venait d’être entièrement dépeuplée par ces mêmes Caraïbes.

Il nomma encore Sainte-Marie de la Rotonde et Sainte-Marie l’Ancienne, aujourd’hui par abréviation Antigoa.

Une autre île, que l’on croit être Saint-Martin, n’était ni moins