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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/221

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Aussitôt après Colomb fit élever trois forteresses dominant les positions les plus importantes de la Vega Real, et la contrée se trouvant momentanément pacifiée, il s’occupa de la recherche de cet or, objet des instantes et perpétuelles demandes de l’Espagne.

Diego Colomb, pendant ce temps, allait répondre en personne devant les deux rois aux accusations portées contre son frère. Il avait affaire à forte partie ; aussi eut-il la mortification de ramener à Saint-Domingue un délégué de la couronne, chargé d’ouvrir une instruction sur la conduite du vice-roi.

On avait compté sur la vivacité bien connue de celui-ci pour lui arracher, devant un pareil outrage, un acte, ou du moins quelques paroles de révolte ; mais, à la grande confusion du délégué lui-même, Colomb accueillit avec douceur ce personnage, qu’il savait pourtant gagné corps et âme à ses ennemis.

Bientôt, cependant, lui voyant accomplir sa mission avec la plus odieuse partialité, il résolut de l’accompagner en Castille, afin de s’y défendre, puisqu’on le réduisait à une telle extrémité.

Il partit donc à cet effet, emmenant sur la fidèle Niña les malades, les découragés et trente Indiens.

Au nombre de ceux-ci était le cacique Caonabo. Servi avec le plus tendre dévouement par une Indienne de haut rang, qui avait tout quitté pour s’attacher à la destinée d’un chef si illustre, le seigneur de la Maison d’Or ne démentit pas la fierté de son caractère et de sa race. En vain Colomb lui jura-t-il qu’il le rendrait à la liberté, à son pays, à ses sujets, dès qu’il l’aurait présenté aux deux rois : incapable de supporter l’humiliation qu’il avait subie,