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Page:Belloy - Christophe Colomb et la decouverte du Nouveau Monde, 1889.djvu/270

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principaux personnages de la contrée, et la fête commençait à peine, que les preux chevaliers d’Ovando, celui-ci en tête, se jetèrent sur les Indiens désarmés, en firent un affreux carnage, brûlèrent vifs quatre-vingt-quatre de leurs caciques, et ne laissèrent que des cendres aux lieux où s’élevait la veille encore la riante capitale du Xaragua.

Quant à la reine, après on ne sait quel odieux simulacre de procès, elle subit en place publique de l’Isabelle, l’ignominieux supplice de la corde.

Telle fut la fin de la Fleur-d’Or, de la belle reine Anacoana, dite l’Amie des Espagnols.

Tandis que ces horreurs se passaient dans le nouveau monde, une autre reine marchait de douleurs en douleurs vers une tombe où avec elle allaient s’ensevelir les dernières espérances de Christophe Colomb.

Lorsque celui-ci rentra en Espagne après de nouvelles traverses, la santé d’Isabelle était tellement affaiblie qu’il ne pût tirer d’elle aucun secours, non seulement pour ses projets, mais même pour la simple reconnaissance de ses droits.

Lui-même, d’ailleurs, il se trouva arrêté à Séville par des douleurs rhumatismales dont il souffrait depuis de longues années et qui, aggravées par l’âge et par des fatigues récentes, le tenaient maintenant cloué sur un grabat d’hôtellerie. C’est de là que son ardente imagination lui montrait assiégée par ses ennemis l’oreille du roi Ferdinand, auprès duquel il appelait en vain l’intercession jadis si puissante de son bon ange.

Isabelle respirait encore cependant, et de ce qui lui restait de